Chapitre 6 : Le calme avant la tempête

    Je claquai la porte derrière moi. Je restai un moment adossée contre elle, à broyer du noir. Pourquoi avait-il soudainement agi comme ça ?... Comme le pire des enfoirés... Enfin, à y réfléchir, vu toutes les minettes qui bavaient sur lui, cet imbécile doit avoir l'habitude qu'on ne lui refuse rien... Fait chier. Moi qui commençait à envisager de l'apprécier...

"Non mais, et moi alors ??? C'était quoi ce putain de délire de rougir et d'être aussi désemparée ???!!!

- Eh ! Moins de bruit à côté !! Vous avez vu l'heure ?!"

Je m'étais mise à crier et frapper tout ce qui me tombait sous la main. L'ennui était que l'isolation de cet immeuble ne devait pas être aux normes... sûrement la raison du loyer si bas. Je pris une bière dans mon frigo, m'allumai une clope et m'assis près de la fenêtre. J'observais avec effarement que l'immeuble où était sensé habiter Castiel n'avait rien à voir avec le mien. De beaux murs blancs, Des balcons, agrémentés de pots de fleurs en tout genre, prenaient des longueurs alarmantes. Il me semblait distinguer de grandes baies vitrées. J'inspirais une bouffée de mon poison nommé cigarette, en repensant à Castiel qui s'étouffait avec. Je ne pus m'empêcher de rire en me le ressassant. C'était d'ailleurs ce qui me fit déprimer à nouveau. Je revoyais ce jeune homme bourré de talents, de charisme et d'une beauté si épanouie, jouant sur sa guitare un air sublimement mélancolique, que j'avais rencontré dans ce parc, quelques nuits plus tôt. Ce soir-là, il avait tellement compris ma mélodie... Il avait été tellement envoûtant. Comment ce même homme pouvait-il être ce bellâtre de Castiel, si imbu de lui-même. Je ne pouvais aussi pas croire qu'il était autant violent...

Je décidai de passer le reste de la soirée à écrire des lettres. Une pour ma grand-mère qui tenait un petit café dans la campagne londonienne. Et une pour Elle, la seule amie que j'aie jamais eu étant enfant. Contrairement à moi, elle avait décidé de rester 1 an à Londres, notre ville d'origine, afin d'économiser pour venir vivre ici. J'espère qu'elle pourra quand même venir au Japon pour les prochaines vacances. Je m'endormais en écrivant les derniers mots de sa lettre...

Je me réveillais tôt le lendemain et pris le temps de me prendre un bain. J'avais eut un sommeil très agité. Je me sentais confuse, suite à mon altercation d'hier. Même si je ne le connaissais que depuis peu et qu'il m'insupportait - tout en m'intriguant, à la fois -, je me demandais ce que je pensais vraiment de Castiel... J'essuyais mes doutes d'un coup de serviette en ricanant. Cet idiot n'avait pas pu faire ça dans un but aussi agressif : je me souvins de son regard terrorisé. Ce n'était pas le regard d'un loubard. Je m'habillais et me maquillais donc, gaiement, en imaginant les façons dont il pourrait s'excuser - et en imaginant les façons dont je pourrais le faire tourner en bourrique.

A peine avais-je ouvert la porte que je me retrouvais nez-à-nez avec... Ambre ! Elle n'avait franchement pas l'air contente du tout. Mais plus important : comment savait-elle où j'habitais ?

"Qu'est-ce qu'il se passe entre toi et Castiel ?
- Eh ? Castiel ? Je vois pas en quoi ça te regarde.Et puis je ne suis même pas sûre de le considérer comme un pote alors...
- Ah oui ??!! "Même pas comme un pote" ?!!... T'es une traînée ? Tu connais beaucoup de nanas qui embrasseraient le premier venu comme tu l'as fait ??!!! A part une salope comme toi, peut être ?!
- On se calme la mijorée ! Déjà tu te pointe chez moi, et ça me plaît moyennement... et ensuite : j'peux savoir de quoi tu parle Blondasse ??
- Je t'ai VUE hier soir, avec Castiel ! Dans le parc !!! Tu l'a embrassé !!
- Tu le suis ?!... Ok... Quand bien même, on va mettre les choses au clair, ma petite : D'une je ne l'ai pas embrassé, c'est lui qui a essayé et je lui ai collé une beigne avant. Et de deux : même il m'embrassait, ça ne te regarderait pas, ma petite ! S'il avait voulu t'embrasser, toi, je pense qu'il l'aurait fait depuis longtemps ! Alors, joue pas ta frustrée en venant pleurer dans mes jupes ! Je suis pas venue là pour faire du baby-sitting ! A plus, la pissouse !"

Sur ces mots, je la laissais en plan. Elle n'avait pas du apprécier... J'allais devoir être sur mes gardes. Elle avait l'air d'être une gosse de riche. Va savoir jusqu'où elle serait capable d'aller pour arriver à ses fins...

Je venais de passer le perron de l'immeuble quand une deuxième surprise m'attendait. Il attendait au portillon, la joue gauche légèrement gonflée, un bel hématome dans le coin de la joue. Il me regardait en souriant. Cet imbécile de Castiel ne croyait tout de même pas que j'allais lui pardonner si facilement ? Je décidai de faire semblant de ne pas le voir.
"Tu m'as mis un sacré pain dans la gueule toi ! Tu sais que t'es la première nana à porter la main sur moi ?"
C'est pas vrai : il tentait de faire son bad-boy pour m'amadouer. Je continuait de marcher faisant la sourde oreille.
"Hé ! J'te parle ! " Il saisit violemment mon bras. Je n'eus pas d'autre choix que de me retourner vers lui. Il avait les yeux exorbités par la rage de ne pas obtenir ce qu'il voulait. Mais Castiel ne me faisait pas peur :
"Tu me lâches tout de suite, ou je recommence ! T'en as p'tete pas eut assez ??!"

Il lâcha prise, visiblement horrifié par son geste. Il me donnait l'impression d'être en conflit avec lui-même. Il s'accroupit, la tête enfouie entre ses mains. Il semblait désemparé. Je sentais qu'en le voyant comme ça, je me radoucissais :
"Bon allez ! Reste pas planté là. On va en cours. On en reparlera plus tard !... Mais va pas croire que je te pardonne pour autant ! T'as enchainé les erreurs là... Si t'as besoin de parler, j'veux bien t'écouter... tant que j'ai une bière..."

Point de vue de Castiel

Sur ses derniers mots, Aya m'avait négligemment tendu une de ses affreuses clopes. Je m'en saisis, un peu déconcerté. elle ne semblait pas comprendre. Pour dire la vérité, moi-même, je n'étais pas sûr de me comprendre...

Les rayons du soleil commençaient à percer, illuminant ses cheveux d'un noir de jais. Ses grands yeux profonds profitaient de cette lumière éclatante. Elle s'était mis du rouge au lèvres. Je déglutis tant bien que mal et détournais le regard...

A la voir aussi calme, j'avais envie de la prendre dans mes bras. Pas de la même façon que les autres... Pourtant, mon corps semblait ne plus vouloir être contrôlé lorsqu'elle était près de moi. Je sentais une nouvelle pulsion semblable à celle d'hier soir monter en moi. Je tentais de la freiner cette fois, le souvenir douloureux de la veille étant toujours présent. Mais encore une fois, je ne pus lutter bien longtemps. Mes bras s'écartaient, se dirigeant vers Aya, qui ne me voyait pas. J'étais prêt à la saisir lorsqu'elle reprit sa marche. Loupant mon coup, et n'ayant rien pour me retenir, je m'écrasais lamentablement par terre. Lorsqu'elle se retourna, alertée par le fracas, et qu'elle me vit ainsi, elle ne put s'empêcher de rire aux éclats... Elle était radieuse quand elle souriait... Honteux, je me relevais en râlant, mais non content de constater que ça avait détendu l'atmosphère. Ce fut donc, gaiement que nous nous dirigions vers le lycée...

Point de vue d'Aya

Arrivée au lycée, je me sentais plus légère. Castiel n'était sûrement pas un homme aussi violent que je pensais : il était juste maladroit. Je pense que je lui plaît. Ça, par contre, c'était un autre problème auquel il allait falloir que je trouve une réponse. Je quêtais du réconfort auprès de Rosalya, pendant la pause, omettant de lui faire part de mes propres doutes.

« Franchement Aya, toi et Castiel, vous êtes pareils ! Vous êtes aussi maladroit et impulsifs l'un que l'autre.

- Dis ça de lui, tu ne me connais pas encore suffisamment pour pouvoir faire un plan de ma personnalité...

- Je pense que je ne suis pas si éloignée de la vérité... Et je suis même sûre que j'en sais plus sur toi que tu veux bien le croire »

Elle avait un air malicieux en disant ça. Je ne comprenais pas pourquoi. Je n'avais rien à cacher, à part mes récents doutes... Une minute. Elle parlerait de ça ? Impossible qu'elle devine ma récente confusion vis-à-vis de Castiel. De toute façon, ce n'est pas si important. J'étais juste déroutée par son acte d'hier soir, point barre. Je décidais de mettre les sujets dangereux de côté.

« Rosa, tu sais quoi ? J'en ai marre qu'on parle des mecs. Ils sont cool comme potes mais là, j'ai envie de faire une activité typiquement fille : tu ne connaîtrais pas un magasin de fringues assez originales ? »

Ses yeux se mirent à briller. Et l'inévitable se produisit : elle passa en mode Dark Rosa :

« Siiiiiiiiiiiiii !!!!!!!!! Leigh, mon copain – et grand frère de Lysandre – est propriétaire d'une boutique de fringues !!!!! Je t'y emmène ! Viens ! On sèche cet après-midi ! Ha ha ha ha ha !!!!!!! Je vais voir mon Leigh d'amouuuuuur !!!!! »

Elle sautillait déjà vers la sortie du lycée. Je jetai mon mégot et la suivis en m'allumant une nouvelle cigarette. Je ne prêtai pas attention à la question de Castiel et Lysandre, demandant où nous allions.

Le magasin était dans le centre-ville. Une petite boutique coincée entre deux grands magasins dignes d'Ambre. On entrait. Il y avait beaucoup de monde pour un lieu comme celui-ci. Beaucoup ne venaient que pour s'extasier devant des vêtements qu'ils n'auraient pas le courage de s'acheter, car bien trop voyants. Il y avait de tout, des formes de jupes plus farfelues les unes que les autres, des robes aux symétries uniques, en passant par un coin « vêtements encore plus décalés » que Lysandre pourrait tout à fait dévaliser. Vu le matériel mis en évidence, il devait aussi y avoir des créations sur mesure.

Un homme portant des vêtements tout aussi décalés, façon 18ème siècle, s'avança vers nous. On aurait dit Lysandre avec des cheveux noirs, un peu plus longs. Ce devait donc être Leigh, le copain de Rosalya.

Il me fit un clin d'oeil et se pencha sur Rosa, qui ne l'avait pas vu :

« Alors mesdemoiselles, vous trouvez ce que vous voulez ? 

- hmm... oui,oui... oh ! Leiiiigh !!!!!!

- Tu ne devrais pas être en cours Rosa ?

- Ben euh oui mais euh... On se faisait chier et puis euh... Je voulais te présenter Aya, la petite nouvelle de la rentrée !

- Ben voyons... Tu aurais pu attendre la fin des cours, tout de même... Enchanté Aya. »

Il avait un sourire apaisant. Lui et Rosa semblaient bien se compléter. On passa l'heure suivante à essayer diverses tenues, sur les conseils de Leigh. On s'amusait bien et j'oubliais tout mes tracas. Il était 16h passé lorsqu'on sortit de la boutique, quelques vêtements au bras.

Après un verre en ville, je rentrais chez moi, le cœur léger. Je n'allais pas me prendre la tête pour un mec que je connaissais à peine...

Une semaine était passée depuis ma réconciliation avec Castiel. Il n'avait jamais rien tenté durant cette période. Il semblait hésitant quant à la façon dont il devait se comporter avec moi. Les cours étaient sans intérêts, Rosalya et moi étions devenues de très bonnes amies, les répét' avec les gars commençaient à devenir vraiment intéressantes, Ambre continuait à pester dans son coin... Et le plus intéressant de tout : il ne restait que 2 semaines avant la Golden Week, 1ère semaine de mai et aussi 1ère de vacances au Japon.

Ce lundi matin, ce fut avec impatience que j'ouvris ma boîte aux lettres. Pleine d'excitation, je me saisis de l'enveloppe cachetée d’Angleterre. Je l'ouvris et lu la réponse à ma lettre envoyée plus tôt :

« Yo Aya !

Ici tout va bien.

Mutsumi cavale toujours dans son café. Elle tient une sacré forme pour son âge ! Elle a sombré dans une colère noire en lisant ta lettre : « De l'argent ! Cette satanée gamine m'envoie une lettre pour me demander... de l'argent » ! Ha ha ! C'était très drôle à voir ! Mais, ménage-la un peu, quand même... Elle n'est plus si jeune cette vieille bique !

En tout cas, pour répondre à ta lettre, je n'ai qu'une chose à dire : Prépare un matelas et des soirées de folies, je viens squatter le Japon pendant la Golden Week- !!!

AdioooOOOoos !!! <3

Angel. »


Voilà ! Connexion internet retrouvée, je reviens donc avec un nouveau chapitre !! :)
J'espère qu'il vous plait, même s'il est un peu plus calme que les précédents ! 
N'hésitez pas à commenter et à faire tourner !
Bises,
angelsyouyou

Edit : j'ai oublié de le préciser, Angel est une des sucrettes d'Amour sucré : angels94... Mais vous en saurez plus sur elle dans quelques chapitres, alors, patience ! ;)

Re-edit : et comme d'hab, DECAY0.18 a fait ce superbe dessin d'Aya ! :)